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de la plus honteuse façon. M’attirant jusqu’à la porte du jardin et me faisant courber, elle m’a administré sur le derrière une dizaine de cinglées d’une petite houssine qu’elle avait coupée dans une haie durant sa promenade. Par égard pour le prêtre, elle ne m’avait pas levé ma robe, mais j’ai bien senti tout de même la force de sa main ; j’étais si confuse et si humiliée que je ne me suis pas défendue et je me suis retenue de crier. Quand elle eut fini de me fouetter :

— Allez, mademoiselle, et soyez exacte à revenir pour le dîner, m’a-t-elle crié.

Je suis partie sans demander mon reste, tandis que le prêtre souriait de la correction ; mais à peine me suis-je trouvée dans ma chambre, que j’ai éclaté en sanglots. Quoi ! me disais-je, me donner le fouet ! à mon âge et comme à une fillette ! Méchante ! misérable tante ! J’étais indignée. Et je rêvai mille vengeances. Ce qui me révoltait le plus, c’était cette ironie cruelle de m’inviter à dîner après m’avoir battue. Je jurai de mourir de faim plutôt que d’assister au repas. Mais ma tante vint elle-même me chercher et me contraignit de