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treux s’il eût éclaté, car il aurait renvoyé la canule et le lavement au nez de mon apothicaire. Enfin je me laissai emplir le derrière : le gourmand bouffa tout.

Ce qui suivit, par exemple, m’a causé un vif désagrément. Les latrines sont à côté de la cuisine et, pour aller me soulager, je dus quatre fois passer devant l’amoureux de Rose[ws 1], qui ne put s’empêcher de rire en me voyant dans mon accoutrement de malade, me rendre aussi souvent au seul réduit, sans compter que le bruit malhonnête que produisaient presque inévitablement ces violents soulagements, leur devait bien parvenir à l’oreille.

Le soir, enfin, ma tante, pour laquelle je cherchais à me guérir de ma frayeur, me prouva que je n’avais pas tort de craindre sa sévérité. Comme le médecin m’avait ordonné de demeurer au lit et que j’étais un peu impatiente de n’y rien faire, pour me divertir j’eus l’idée d’aller voir, en l’absence de ma tante, si je ne découvrirais pas, dans la petite bibliothèque qui se trouvait dans une chambre voisine de la mienne, un livre amusant. On m’a défendu de lire des livres autres que ceux qu’on

  1. Note de Wikisource : Rose est le nom de la narratrice (et héroïne du roman) qui subit le lavement et ne peut donc pas être celle qui l’administre, il s’agit probablement de Manon, la cuisinière.