Page:Rebell - Journal d’une enfant vicieuse, 1979.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
193

ser un long souvenir. Pendant quelques jours, je n’ai pu m’asseoir, sans ressentir au derrière une vive douleur ; pour excuser ma tante il est bon de dire, qu’à ses yeux, je méritais cette dure punition.

Je suis allée aujourd’hui avec Manon chercher de la crème, à un petit village qui se trouve sur le bord d’une jolie rivière.

Le matin était gai de soleil. Il y avait des roulades d’oiseaux d’un bout à l’autre des haies. Une petite pluie avait rafraîchi l’air et donnait aux feuilles une odeur d’humidité qui m’énervait. Je m’amusais de la boue des chemins, sautant par-dessus les ornières pleines d’eau, qu’avaient creusées les charrettes des paysan. Deux foi je me trempai les pieds et de la boue jaillit sur ma robe :

— Vous serez grondée à votre retour, mademoiselle, s’écria Manon.

Mais je ne fis pas attention à ses paroles.

Enfin nous sommes arrivées. La fermière qui nous a vendu la crème a, derrière sa maison, un petit jardin auquel elle