Page:Rebell - Journal d’une enfant vicieuse, 1979.djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
242

— Ce n’est pas nos culs qui nous portent, dis-je en riant, c’est bien nous qui portons nos culs.

— Nos culs sont nos gouverneurs, dit-elle.

Nous rentrâmes au salon. La porte était entr’ouverte. Ma tante alors était si bien lancée dans une causerie avec le bailli, qu’elle ne nous entendit pas.

— Vous comprenez, disait-elle, qu’il lui faut bien le temps de réfléchir. Elle ne peut pas se jeter à votre cou comme cela… Ah ! voilà Mademoiselle, s’écria-t-elle, et madame de Jouvencelle, que vous connaissez.

Cependant, sans regarder le bailli, en baissant les yeux, la voix faible, mais animée, je dis d’une haleine :

— Monsieur le bailli, ma tante m’a fait part de votre proposition. J’ai réfléchi et je dois vous dire que je suis heureuse de l’accepter.

Il me sembla que je venais d’avoir le courage d’avaler un purgatif ou d’engouffrer un lavement. Je poussai un soupir.

Ma tante resta quelques instants immobile de stupeur. Elle pensait bien que les