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Valentine en voyant la plaie à vif ne put retenir un cri.

— Ce ne sera rien dit ma tante, je vais seulement mettre un peu d’arnica sur la plaie.

Après m’avoir fait ce pansement qui me causa plus de mal que ma chute, ma tante me dit d’aller me changer dans ma chambre. Valentine voulut m’accompagner et nous montâmes ensemble.

Valentine était plus jolie encore que l’année passée : je l’avais quittée maigre et pâle, et je la trouvais grassouillette, fraîche et rose. Ses yeux étaient plus vifs et plus malins que jamais, sa bouche, aux lèvres fortes, était entrouverte et découvrait les plus jolies dents que j’aie vues. Elle était coiffée et vêtue avec une élégance qui me fit honte. Même ma robe neuve, si j’avais pu la garder, eût paru bien pauvre auprès de la sienne, en soie rose à raies, aux ramages de dentelles. Elle portait sur son chapeau des plumes noires magnifiques ; et j’avais envie de jeter ma croix d’or quand je regardais les bagues qui lui ornaient les doigts. De la voir si bien mise alors que moi j’avais une