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— Vous entendez, lui dit-elle, on vous accuse.

— Faut-il mentir pareillement ! s’écrie la fille, j’ai vu, de mes yeux vu, mamz’elle Rose cueillir les pêches, les mettre dans ses poches et se cacher pour les manger dans les latrines… Et tenez, ajouta-t-elle, en v’là la preuve.

À ces mots elle a pris sur moi un noyau qui s’était accroché dans les plis de ma robe. Je ne pouvais nier. Je ne savais où me mettre, tant j’avais de frayeur à l’idée de ce qui allait se passer : je prévoyais une scène terrible. En effet, ma tante, après une minute d’étonnement et de silence, éclata :

— Ah ! petite misérable, c’est ainsi que vous joignez la désobéissance au vol et à la calomnie ! mais vous allez expier tout cela, je vous le promets. Agenouillez-vous d’abord devant Rosalie et demandez-lui pardon de votre abominable mensonge.

Je voulus me révolter contre l’humiliation qui m’était imposée, de m’agenouiller devant une domestique, et je restais debout, mais ma tante, d’une main me prit l’oreille, et de l’autre, pesant sur mes