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en vacances. Les élèves étaient encore en classe quand nous arrivâmes : nous ne les vîmes qu’au souper à sept heures. J’avais faim et je mangeai avec appétit, mais je ne pus m’empêcher de m’attrister en constatant que ce repas n’était composé que de légumes et de laitage et que nous ne pouvions boire du vin. On ne parlait pas pendant le repas, et la religieuse qui présidait nous lut la vie de sainte Catherine, où le supplice de la sainte, attachée sur une roue garnie de pointes, me fit grand-peur. J’étais assise avec mes nouvelles compagnes sur des bancs sans dossier. À un moment, l’une de nous se permit de causer, la sœur s’en aperçut, interrompit sa lecture, fit sortir la délinquante du banc, lui donna un soufflet et lui dit de se mettre à genoux au milieu du réfectoire, ce qu’elle fit en pleurant. La pauvre fille dut manger du pain sec pour son souper.

Je remarquai mes voisines de table, l’une d’elles paraissait très bonne et très douce, mais les autres avaient l’air malicieux et railleur et semblaient nous jeter, à moi plus encore qu’à Valentine, des regards narquois.