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Le souper fut vite terminé, nous nous agenouillâmes alors pour faire la prière. Comme je ne savais pas ce qu’on récitait, je ne répondais pas avec mes voisines ; une religieuse qui était près de moi s’en aperçut et m’ordonna, sur un ton sévère, de répondre ; je marmottai alors quelques mots sans savoir ce que je disais.

Après le souper, des élèves s’échappèrent à la hâte pour aller aux latrines ; j’y fus moi aussi ; seulement je dus attendre mon tour à la porte, et presque me disputer avec une élève pour y entrer. Il y avait six trous et les cinq étaient occupés par des grandes filles et des fillettes qui, les chemises et les jupes troussées, lâchaient des pets avec un grand sérieux et comme si elles avaient été seules. Malgré ma honte, je me troussai, moi aussi, et je tournai mon derrière vers le trou ; c’est alors qu’un vent, dont je voulus étouffer le bruit, s’échappa avec grand fracas et fit se détourner vers moi mes cinq voisines qui éclatèrent de rire ; j’étais toute rouge et si confuse que, sans me soulager le ventre, je me relevai aussitôt, laissai tomber mes jupes et sortis en courant.