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Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/234

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je serai devant la porte du monastère et, en présence de vos domestiques et de tous les moines, je crierai votre crime, monseigneur ; peut-être, cette fois, ne dédaignerez-vous pas mes accusations.

— La bonne plaisanterie, mon frère, la bonne plaisanterie ! En vérité, il n’y a qu’au couvent du père Romuald qu’on en fait d’aussi bonnes. Mais, cher Donato, dis-moi, quelle idée as-tu donc du légat pour t’imaginer qu’il peut à son gré, ou plutôt au gré de tous, délier ou renouer les vœux monastiques ?

— Vous avez la confiance de Sa Sainteté, je le sais.

— La confiance d’un homme qui écoute tout le monde depuis le cardinal de Sorrente jusqu’à sa cuisinière ! qui change d’avis vingt fois par heure, et dont la pensée du soir est juste le contraire de celle du matin ! Ah ! tu as de singulières illusions ! Tiens, Donato, j’aurais le droit et le pouvoir, à cause de tes belles paroles, de te faire enfermer au cachot pour le reste de tes jours, mais, apprécie ma bonté, je consens à oublier tout ce que tu m’as dit, jusqu’à tes ridicules menaces. Je vais même te donner les moyens de sortir du couvent et de vivre en paix sans t’occuper des moines.

— Vous allez me relever de mes vœux ?

— Non, je te le répète, cela m’est impossible, mais tu auras assez de ducats pour te moquer de la dispense du pape.

— Je ne pourrai pas épouser mon amie ?

— Tu en feras ta maîtresse.

— Oh ! monseigneur !

— Maîtresse riche vaut mieux qu’épouse malheureuse. Seulement écoute, il faut d’abord que tu m’obéisses en tout ce que je te commanderai. Tu connais Posellino ?

— J’y suis né.