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Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/235

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— Et le comte Marzio ?

— Certes ! bien des fois, lorsqu’il était tout enfant, je l’ai conduit par la main dans les jardins du château.

— Alors ne perds pas un mot de ce que je vais te dire.

Et le cardinal se mit à parler à voix basse.

— Comment ! Monseigneur ! s’écria-t-on tout à coup, c’est à moi que vous venez de demander de commettre ces crimes ?

— Oui, mon cher Donato, à toi, car je sais l’homme que tu es, je connais ta vie. Ta récente vertu, tes projets de mariage ne m’en imposent point. Quand tu es entré au couvent où je t’ai connu, combien de meurtres déjà avais-tu commis ?

— J’ai tué parce que j’aimais. Biagio auquel j’ai planté mon poignard en plein cœur, s’était jeté comme une bête sauvage sur ma Cattina, le vieil Onfredo, que j’ai assommé de mon bâton, venait sans cesse à la maison lui offrir de l’argent et l’insulter de son immonde amour, quant au frère Ilarione, si je l’ai lancé dans le torrent, avait-il besoin d’épier nos caresses ?

— Se douterait-on que cette voix délicieuse est celle d’un assassin, et qu’un homme, qui chante si bien à l’église, manie avec tant de grâce le couteau ! Et tu comptes, sans doute, t’établir avec ta femme à Posellino et y fonder une famille respectable ?

— Non, je quitterai le pays ; seulement Cattina qui est pieuse, tient à ce que je l’épouse, après m’être fait relever de mes vœux.

— Et tu peux, au couvent, continuer tes relations avec elle ?

— Elle est venue ici deux fois sous des habits d’homme. Un frère l’a vue, et Ilarione, dont je vous parlais tout à l’heure, m’aurait dénoncé si je n’avais eu soin de le prévenir. Les autres moines, s’ils se sont doutés de quelque chose, n’ont rien osé dire, mais