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Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/456

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Prévenue de l’innocente manie de Cornelio Griffo, je ne me préoccupais point de la fin de sa consultation, mais ses premières paroles m’avaient rassurée : j’étais contente de savoir que je me portais bien.

Malheureusement, en dépit des prescriptions du médecin, je m’occupais de mon cœur et je ne savais où trouver la guérison. Je voulus confesser à un prêtre toutes les peines que le bon Dieu m’avait envoyées, espérant que j’en serais un peu soulagée. Je m’adressai au curé de la paroisse. Après lui avoir fait l’aveu de mes péchés, qu’il voulut bien écouter avec le plus grand intérêt, je lui demandai s’il ne croyait pas qu’il serait sage, pour moi, de terminer dans un cloître une existence si pleine de tempêtes. Il me regarda le visage en détail.

— Ce serait dommage, me dit-il, ma chère enfant, d’enfermer dans un couvent une pareille beauté. Êtes-vous riche ?

— Assez, répondis-je.

— Eh bien ! faites-moi une petite aumône pour mes pauvres et mon église : dix mille ducats, par exemple, si cela ne vous gêne pas. Et soyez assurée que le Seigneur vous accordera son pardon.

Je sortis du confessionnal, tout heureuse d’en être quitte à si bon marché. Mais, comme j’allais franchir le seuil de l’église, je songeai qu’il serait convenable de remercier le prêtre d’avoir réglé mes affaires avec le bon Dieu.

— Monsieur le curé, dis-je en revenant vers lui, je suis une malheureuse femme ; je vis seule à la campagne ; j’aurais besoin de vos avis, de vos préceptes, de vos consolations. Voulez-vous venir manger un perdreau dimanche prochain avec moi ?

Il accepta, non sans m’accabler des plus humbles