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MORCEAUX CHOISIS ET PENSÉES

M. P. Lafitte traite au Collège de France de l’histoire générale des Sciences, au point de vue positiviste. Nous n’avons, à vrai dire, aucune chaire d’histoire des mathématiques. C’est là une lacune regrettable dans notre haut enseignement.

En Belgique, à l’université de Gand, M. Mansion fait un cours régulier d’histoire des mathématiques et ce cours est obligatoire pour les étudiants scientifiques.

« Combien ai-je vu, dit M. Bertrand, d’anciens candidats à l’École Polytechnique qui, connaissant fort bien un traité d’algèbre classique et n’ayant rien lu au delà, ignoraient les noms d’Euler et de Bernoulli, et mettaient sur le même plan dans leur souvenir Newton et Bezout, Descartes et Budan, Cauchy et Sarrus. »

Les sciences mathématiques ont composé longtemps tout le domaine des idées exactes ; partout ailleurs on ne retrouvait que les vains efforts du génie pour arriver à la connaissance de la vérité, et les erreurs sans nombre que les doctrines insuffisantes des premiers inventeurs traînaient à leur suite. Le langage mystérieux employé par les philosophes formait avec la langue précise et claire des sciences exactes, un contraste singulier qui inspirait au géomètre le plus profond mépris pour les autres sciences. Mais, lorsque les phénomènes célestes vinrent se ranger sous les lois du calcul, l’étude des mathématiques devint plus générale, et les bons esprits furent frappés d’une