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MORCEAUX CHOISIS ET PENSÉES

étudier. Lorsque l’esprit est naturellement juste, il porte avec lui la faculté de reconnaître si une proposition simple est vraie ou non. Il est beaucoup plus utile d’exercer cette faculté que de disserter à perte de vue sur sa nature. Si l’on voulait remporter le prix de la course, on penserait plutôt sans doute à exercer ses jambes qu’à raisonner sur le mécanisme de la marche. « Les règles, dit Condillac, sont comme les garde-fous mis sur les ponts, non pas pour faire marcher les voyageurs, mais pour les empêcher de tomber. » Si cela est, ainsi qu’il n’est pas permis d’en douter, il faut que les règles soient fort simples et en petit nombre. Celles de Descartes et de Pascal me paraissent suffisantes pour les esprits droits ; quant aux autres, la Géométrie ne saurait exister pour eux.

Lacroix.

Nous voyons par expérience qu’entre esprits égaux, et toutes choses pareilles, celui qui a de la géométrie l’emporte et acquiert une vigueur toute nouvelle.

Pascal.

Socrate. — Faisons donc une loi à ceux qui sont destinés chez nous à remplir les premières places de s’appliquer à la science du calcul, de l’étudier, non pas superficiellement, mais jusqu’à ce que, par le moyen de la pure intelligence, ils soient parvenus à connaître l’essence des nombres ; non pour faire servir cette science, comme les marchands et les