L’un est le trop fameux Libri, savant et érudit, auteur d’une histoire des Mathématiques en Italie, qui a pillé nos bibliothèques dont il était l’Inspecteur. Il s’est sauvé en Angleterre, il a été condamné par les tribunaux, et il est mort misérablement en 1869. Notre Bibliothèque nationale a pu racheter la plupart des livres rares dont elle avait été dépouillée.
L’autre est l’escroc Vrain Lucas qui a mystifié le géomètre Chasles en lui vendant, de 1867 à 1869, des autographes d’après lesquels Pascal aurait fait la plupart des découvertes attribuées à Newton. Le faussaire a été condamné à deux ans de prison : il avait avoué avoir fait et trafiqué plus de vingt mille faux autographes.
Dans ce temps-là, sauf de rares exceptions, les savants, les mathématiciens surtout, étaient regardés dans le monde comme des êtres d’une nature à part. On aurait voulu leur interdire le concert, le bal, le spectacle, comme à des ecclésiastiques. Un géomètre qui se mariait semblait enfreindre un principe de droit. Le célibat passait pour la condition obligée de quiconque s’adonnait aux sublimes théories de l’analyse. Le tort était-il tout entier du côté du public ? Les géomètres ne l’avaient-ils pas eux-mêmes excité à voir la question sous ce jour-là ?…
D’Alembert reçoit indirectement de Berlin la nou-