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VARIÉTÉS ET ANECDOTES

velle que Lagrange vient de donner son nom à une de ses jeunes parentes. Il est quelque peu étonné qu’un ami avec lequel il entretient une correspondance suivie ne lui en ait rien dit. Cela même ne le détourne pas d’en parler avec moquerie : « J’apprends, lui écrit-il, que vous avez fait ce qu’entre nous philosophes nous appelons le saut périlleux… Un grand mathématicien doit, avant toutes choses, savoir calculer son bonheur. Je ne doute pas qu’après avoir fait ce calcul, vous n’ayez trouvé pour solution le mariage. »

Lagrange répond de cette étrange manière : « Je ne sais pas si j’ai bien ou mal calculé, ou, plutôt, je crois ne pas avoir calculé du tout ; car j’aurais peut-être fait comme Leibniz qui, à force de réfléchir, ne put jamais se déterminer. Je vous avouerai que je n’ai jamais eu de goût pour le mariage,… mais les circonstances m’ont décidé… à engager une de mes parentes… à venir prendre soin de moi et de tout ce qui me regarde. Si je ne vous en ai pas fait part, c’est qu’il m’a paru que la chose était si indifférente d’elle-même, qu’il ne valait pas la peine de vous en entretenir. »

Arago.
RECONSTRUCTION

Le général Poncelet, officier du génie sous le premier empire, fut fait prisonnier pendant la terrible guerre de Russie et interné à Saratof, sur le Volga. Lorsque, pour se distraire, il voulut travailler les mathématiques, il constata qu’il les avait complètement oubliées, par suite du froid et de la fatigue. Alors, sans aucun