Page:Reboul - Les Traditionnelles, 1857.djvu/12

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Et déjà tu voudrais chasser tes anciens jours,
Comme des fils issus de coupables amours ;
Tant tu laissas mourir de choses dans ton âme,
Tant ce que tu fis saint te devient presque infâme !
Le sarcasme imposteur remplace l’oraison,
Et le sel de la terre en devient le poison.
Héliodore ardent sous les traits d’Isaïe,
Quel œil eût deviné Jérusalem trahie ’/
Oh ! peux-tu concevoir de quel sommet du ciel
Ton génie est tombé, malheureux Ariel ?
L’enfer même, l’enfer, pour qui ta raison lutte,
N’a pas de profondeur pour mesurer ta chute.
Du fond de cet abîme où tu ronges ton frein.
Tu flattes vainement ton orgueil souverain
De voir bientôt le Christ à l’état de squelette :
Tu n’abuses que toi, déplorable prophète;
Si l’avenir sourit, ce ne peut être à toi :
Rome ne mourra pas de la mort de ta foi.
Quels que soient les écrits que te dicte la foudre,
Rome ne verra pas son autel se dissoudre.