Page:Recherches asiatiques, ou Mémoires de la Société établie au Bengale, tome 1.djvu/378

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
226
NOTES.

que M. Jones se fût trompé en attribuant à Menou le surnom de Câla, que l’on donnoit communément à Sîva. Au reste, la religion des anciens Grecs et Romains nous est trop peu connue, pour établir un parallèle parfait entre elle et la religion des Hindous. » — D’après les grands traits de son histoire, comme père des dieux, fils du Ciel, et autrefois gouverneur de la terre et du monde entier, mais aujourd’hui dépourvu d’adorateurs, Saturne a, selon Al. Hamilton, beaucoup de traits de ressemblance avec Brâhmah, qui forma le monde sans le gouverner, créa les dieux et les hommes, est fils de Brchm [l’Être suprême], et ne reçoit aucune adoration. L’étymologie de Saturnus, qu’on fait dériver de satu, en supprimant deux consonnes essentielles, puisqu’elles ne sont pas finales, est véritablement forcée ; tandis qu’il est bien plus naturel de tirer ce mot de Tchatouranama [quadriformis], épithète particulière à Brâhmah, qu’on représente avec quatre têtes. — Ajoutons enfin que Menou n’a jamais été regardé comme un dieu par les Hindous, tandis que Saturne est le plus remarquable personnage de l’Olympe.

(20) Ce passage m’a paru d’autant plus important, qu’il ne s’accorde pas entièrement avec l’opinion adoptée par tous les mythographes, laquelle donne à Saturne le Ciel pour père et la Terre pour mère. Ainsi, quoique M. Jones n’ait rapporté aucune indication sur celui des ouvrages de Platon qui lui avoit fourni cette curieuse citation, j’ai cru devoir en faire la recherche dans les nombreux écrits du philosophe grec, et j’ai été assez heureux pour la trouver dans le Timée, tome III, page 40, des Opera Platonis, ex editione Serrani, et tome IX, page 324, ex editione Bipontinâ. La voici : Γῆς τε καὶ Οὐρανοῦ παῖδες Ὀκεανος τε καὶ Τηθὺς ἐγενέσθηυ· ἐκ ἀύτων δέ, φόρκυς τε καὶ Κρόνος καὶ Ῥέα, καὶ ὅσοι, μετὰ τούτων· ἐκ δὲ Κρόνου καὶ Ῥέας, Ζεὺς Ἥρα τε, καὶ πάντες ὅσους ἴσμεν ἀδελφους λεγομένους αὐτῶν. « L’Océan et Téthys passent pour être enfans de la Terre et du Ciel. D’eux naquirent Phorcys, Saturne et Rhéa, et leurs autres frères ; de Saturne et Rhéa, Jupiter, Junon, et d’autres que nous entendons chaque jour appeler leurs frères. » Platon, comme on voit, place une génération, l’Océan et Téthys, entre la Terre, le Ciel, et Saturne, qui, suivant ce philosophe, n’étoit que leur petit-fils. Parmi les écrivains modernes, je ne connois que Bochart qui ait observé (dans sa Geographia sacra, page 4, édition in-fol. de Leyde 1712) cette légère différence d’opinion touchant l’origine de Saturne.

(21) L’étymologie attribuée ici à Festus ne se trouve pas dans l’ouvrage de