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Deuxième Partie.

représentées ; cependant il est un fait remarquable^ que les plus grands poètes mystiques des Persans, Sanâï, ’Attâr et Rûmî, ont été des sunnites, tandis que les plus grands poètes chiites, Firdausi et Nâsir Husrau, u’ont pas été fort influencés (lu sufisme.

Le mysticisme pointe çà et là chez Rûdagl, poète d’ailleurs tout mondain, mais ce n’est qu’environ l’an 1000 que nous trouvions la poésie sûfique entièrement développée chez les ruba’istes Bâbà Tâhir^ et Abu Sa’ïd^. Celui-là a subi

une forte influence du mysticisme, celui-ci est un sûfi pur sang. Puis, c’est ’Abd-allàh Ansârî, le contemporain plus vieux de ’Omar Hayyâm, et son contemporain plus jeune Hakîm Sanâï, Mais ce n’est pas encore l’âge d’or de la poésie sûficpie.

Dans les 11*^ et 12^ siècles, le sufisme était l’élément le plus important dans la poésie persane, mais il n’eu était pas encore le souverain absolu, comme il le devenait depuis le temps des grands poètes didactiques, de ’Attfir et de Rûmï.

L’alpha et l’oméga du sufisme est la reconnaissance de l’unité divine (taulrul) :

Alors que ces astres et ces cieiix n’étaient pas, et que l’eau, l’air, le feu et la terre n’étaient pas, je prédisais le mystère de l’unité, avant que mon corps et ma voix et mon esprit ne fussent créés. (Abu Sa’id, Ethé no. 30.)

L’Islam en général est une religion strictement monothéiste, mais les sûfïs ont insisté tout particulièrement sur l’unité de Dieu, en impliquant dans cette idée celle de l’identité de Dieu avec le monde, celle du panthéisme. Dieu est le seul 1 V. l’ouvrage cité de M. Browne p. 437. ’^

Publié par Huart, JA. 188^ 11.

Je ne connais pas l’édition qu’a donnée M. Heron-Allen en 1901. Baba Tâbir écrivait dans le dialecte de Kai et employait le mètre Hezeg (--

) au lieu

des mètres communs du rubâ’l.

^

Publié par Etbé, Sitzungsber. d . kônigl. bayr. Akad. 1875 et 1878. Je n’ai pas eu l’occasion de comparer l’édition de Shukoveki (St. - Petersbourg 1899).