Page:Reclus - Étude sur les fleuves, 1859.djvu/8

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ci reparaissent au pied des montagnes sous forme de sources et de fontaines, et n’ont d’autre caractère distinctif que leur transparence et l’égalité de leur température ; souvent aussi ils pénètrent à travers les couches rocheuses jusqu’à une immense profondeur, acquièrent graduellement une température très élevée, et remontent vers la surface, imprégnés de substances salines ou minérales ; ils forment alors ces eaux thermales que visitent chaque année les malades et les hommes de loisir.

Nombre de courants d’eau souterrains ne reparaissent jamais à la surface, surtout dans les régions où prédominent les roches calcaires. Pour n’en citer qu’un exemple, la Peuka ou Poik, rivière considérable que l’on suit jusqu’à une certaine distance dans l’intérieur de la grotte d’Adelsberg, s’engouffre tout à coup dans le sol, et c’est seulement à 30 kilomètres plus loin qu’elle rejaillit impétueusement du sol sous le nom de Timava. La plupart des eaux que l’on voit dans les grottes restent souterraines pendant toute la longueur de leur cours et se déversent dans l’Océan par des embouchures sous-marines. Il est probable que la quantité d’eau qui se cache sous nos pieds est beaucoup plus considérable que celle des eaux visibles ; un simple trou de sonde foré à travers les couches du terrain donne souvent de véritables ruisseaux. C’est dans les pays les plus arides que coulent les rivières intérieures les plus abondantes ; ainsi le désert de Sahara semble reposer sur une véritable mer que le génie de l’homme parviendra sans doute à ramener à la surface du sol pour le fertiliser et transformer le désert en paradis terrestre.