Aller au contenu

Page:Reclus - Amis et compagnons, 1906.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tares mahométans entremêlent leurs communautés à celles des Européens orthodoxes et slaves. À tout ce mélange de races, de religions et de langues, vient se mêler l’élément juif, six millions d’hommes enfermés en des enclaves, des ghettos urbains dont la porte ne s’ouvre que moyennant finance. Enfin par delà le Caucase, ce sont les Géorgiens, auxquels les empereurs de Russie avaient, comme aux Finlandais, affirmé par serment le respect absolu de leur indépendance, et les Arméniens, également munis de belles promesses que l’on a toujours violées, de même qu’on a pillé leurs temples et leurs demeures, et finalement renvoyés hors des frontières pour les faire égorger par les soldats turcs. Plus loin, dans la profonde Asie, continue le défilé des peuples conquis, Turkmènes, Kirghizes, Dzungares, Buriates, Mongols, sans compter les peuples sauvages, et tous, tous attendent la liberté que doit leur donner la Révolution.

Et pour ces milliers et ces millions d’hommes, nous attendons de nos frères russes qu’au jour de leur propre émancipation, ils aident aussi à la libération de tous ces vaincus et opprimés, et qu’un lien fédéral les unisse, assurant à chaque personne humaine, de quelque race qu’elle soit, la plénitude absolue de sa liberté. La Révolution française proclama théoriquement le « droit de l’homme » ; nous demandons à la Révolution slave d’en faire une réalité vivante ; nous lui prophétisons la joie d’accomplir la plus grande chose de l’histoire, la conciliation des races en une fédération d’équité. Bien plus, c’est aussi la Russie qui, après les honteux agissements de l’Empire dans l’Extrême-Orient, aura la mission