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L’AVALANCHE.

neigeux qui la recouvre. En toute saison, même au plus fort de l’hiver, des masses de neige, entraînées par leur poids, s’écroulent des sommets et des pentes ; mais, tant que ces avalanches se composent seulement de la partie superficielle des neiges, elles sont un léger accident dans la vie des montagnes. Mais, parfois, c’est la masse entière de la neige qui glisse des hauteurs pour aller s’abîmer dans les vallées ; l’eau fondue, qui pénètre à travers les couches encore glacées de la surface, a rendu le sol glissant et préparé ainsi le chemin de l’avalanche. Le moment vient où tout un champ neigeux n’est plus retenu sur la pente ; il cède et, par l’énorme ébranlement qu’il communique aux neiges voisines, les fait céder aussi. Toute la masse se précipite à la fois sur le versant de la montagne, poussant devant elle tous les débris qui se trouvent sur son chemin, troncs d’arbres, pierres, quartiers de roches. Entraînant avec lui les nappes d’air voisines, renversant les forêts à distance, le formidable écroulement balaye d’un coup tout un pan de la montagne sur plusieurs centaines de mètres de hauteur,