Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/185

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dicelles s’agitant comme d’étranges chevelures et se déployant en longs faisceaux du rose le plus tendre, plongent au fond du lit et par leurs milliers de fibres, s’étalent en véritables nattes. Lors des crues, quand la masse du courant a dissous et enlevé une partie de la terre qui entourait ces bouquets de petites racines, celles-ci n’en retardent pas moins la vitesse de l’eau ; elles arrêtent les molécules de limon, les forcent à se déposer dans leurs interstices et remplacent par une couche de vase le rivage précédent. Ainsi protégées, les berges que menace la violence du flot se maintiennent longtemps et même pendant des siècles ; dépourvues de végétation, elles changeaient constamment.

Néanmoins, le temps fait toujours son œuvre. Par suite d’un éboulis ou des travaux souterrains de quelque animal, la rive finit par présenter un point faible auquel le courant s’attaque pour tourner les palissades naturelles qui l’arrêtent. Les racines des arbres se sont déchaussées, le vide se fait au-des-