Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/186

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sous et par suite le tronc, privé d’un point d’appui, se penche vers le ruisseau. Mais alors, c’est l’arbre lui-même qui, par sa masse et le poids de son branchage, travaille à sa propre ruine. Les longues racines qui rampent sous le sol de la prairie doivent résister à un effort de plus en plus grand ; elles cèdent sur un point, puis sur un autre, et l’arbre s’abaisse d’autant plus. Des lézardes s’ouvrent dans le sol travaillé par la tension croissante des câbles souterrains qui retiennent le géant ; l’eau de pluie s’introduit dans ces fissures et les élargit ; autour du tronc se creuse une dépression circulaire qui facilite encore le déchaussement des maîtresses racines. En un jour de tempête ou d’inondation, leur résistance finit par être vaincue : les attaches se brisent, le colosse s’écroule avec fracas, en ébréchant les arbres de la rive opposée sur lesquels il s’abat ; lui-même, rompant quelques-uns de ses rameaux supérieurs, en enfonce profondément les tronçons dans le sol ébranlé. Il est devenu maintenant