Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/199

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maine pour qu’il nous soit permis de savourer naïvement les jouissances de la nature. Inutile de compulser des bouquins poudreux pour nous convaincre qu’il est doux et bon de suivre le bord des ruisseaux et d’en contempler l’aspect changeant. Toutes ces images gracieuses que nous offrent les chutes, les rides entre-croisées, les broderies d’écume nous reposent promptement des ennuis du métier ou des lassitudes du travail ; elles nous relèvent l’esprit, même quand le regard fatigué vague au hasard sur les eaux sans s’arrêter à aucun objet précis. D’ailleurs, la vue du ruisseau nous restaure et nous renouvelle d’autant mieux que le spectacle lui-même se modifie de saison en saison, de mois en mois, de jour en jour. Grâce au paysage qui change autour de nous, nos idées rajeunissent aussi ; la vie ambiante qui nous pénètre nous empêche de nous momifier avant le temps.

Même dans la saison où la nature est le plus avare de ses richesses, le ruisseau nous