Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/201

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simple collerette de cristal s’agrandit, et recouvre à une grande distance du bord la partie tranquille du ruisseau. Seulement un étroit chemin, où passe le courant le plus rapide, reste ouverte entre les minces lames par lesquelles se terminent les pellicules glacées. Sur les parois des rochers qui bordent les cascades, les gouttelettes brisées s’étalent en couches de verglas, et l’eau qui s’épanche lentement des fissures du roc se durcit en longs pendentifs transparents, plus beaux que les stalactites des cavernes. Enfin, si la température continuer de baisser, le ruisseau s’arrête de l’un à l’autre bord ; parfois même, il se congèle jusqu’au fond : il s’est changé en une chaussée d’un marbre verdâtre, moucheté de blanc par les bulles d’air enfermées. Les cascades devenues immobiles sont remplacées par une masse solide, semblable de loin à un rideau de soie dont les plis ont cessé de flotter.

Mais sous nos climats tempérés, il est rare que les hivers soient assez froids pour