Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/305

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transparents surgissent du fond à travers la masse boueuse ; les impures alluvions, plus pesantes que l’eau qui les entraîne, se déposent sur les plages et dans les dépressions du lit. Le ruisseau se purifie de plus en plus ; mais en même temps, il cesse d’être lui-même et se perd dans la puissante masse liquide de la rivière qui l’emporte vers l’océan. Son courant se divise en filets, ceux-ci sont partagés à leur tour en gouttes et en gouttelettes, toutes les molécules se confondent. L’histoire du ruisseau vient de finir, du moins en apparence.

Cependant la bouche du grand égout n’a point vomi dans le fleuve toute la masse d’eau qui roulait entre les berges ombreuses en amont de la ville et de ses fabriques. Tandis qu’une partie du courant continue de suivre le lit naturel, transformé en fossé, puis en canal souterrain par la main de l’homme, et va se traîner lourdement le long des quais, une autre partie du ruisseau, détournée de son cours normal, est entrée dans