Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/306

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un large aqueduc et s’est dirigée vers la cité en suivant le flanc des collines et en passant par d’énormes siphons au-dessous des ravins. L’eau, protégée contre l’évaporation par les parois de pierre ou de métal qui l’entourent, emplit à son entrée dans la ville un vaste réservoir maçonné, sorte de lac artificiel où le liquide se repose et s’épure. C’est le là qu’il s’échappe pour se distribuer, de quartier en quartier, de rue en rue, de maison en maison, d’étage en étage, par des conduites ramifiées à l’infini, sur l’immense surface habitée. L’eau est partout indispensable ; il en faut pour nettoyer les pavés et les demeures ; il en faut pour abreuver tous les êtres vivants, depuis l’homme et les animaux qui le servent jusqu’à la fleur modeste qui s’épanouit à la fenêtre des mansardes et un gazon qu’arrose le brouillard irisé des fontaines. Par ses millions et ses milliards de bouches et de pores absorbant incessamment veinules, gouttelettes ou simple humidité dérivées du ruisseau, la cité devient