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Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome VI, Librairie universelle, 1905.djvu/251

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animaux à fourrure

1876 déjà, elles avaient disparu des côtes de la Californie, mais on les rencontrait encore sur le littoral de l’Orégon, vers l’Alaska et les Aléoutiennes. Maintenant il n’en reste pas assez, même dans les parages septentrionaux, pour qu’on les chasse encore : l’industrie n’existe plus. Les rares loutres qui continuant l’espèce ont change de mœurs : elles ne viennent plus à terre pour se reposer, elles se
Cl. J. Kuhn, Paris.
une otarie du jardin zooloqique de londres
caressant son gardien.
réfugient sur des masses d’algues flottantes et vont pâturer sur les roches à fleur d’eau[1]. Mais les jalousies commerciales, les haines internationales ont trouvé moyen de se satisfaire aux dépens de telle espèce marine, les otaries, qu’il serait singulièrement facile de transformer en animal domestique. C’est ainsi qu’en 1896, un acte du Congrès nord-américain enjoint aux gardiens des îles Pribîlov la destruction presque totale des otaries (cailorhinus ursinus), qui viennent aborder dans l’Archipel pour y élever leurs familles. Triste exemple de l’inintelligence humaine ! Pendant la première moitié du dix-neuvième siècle, la tuerie se faisait sans aucune méthode, Russes et Anglais exterminaient en masse. On ne voyait plus même que des animaux isolés dans les îles du Pacifique septentrional, lorsque des fermiers américains eurent l’idée d’aménager les îles Pribîlov comme de grands parcs à bétail marin. En 1890, on n’y comptait

  1. Revue Scientifique, 30 mai 1896; 6 août 1898.