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demeures des esprits

pouvoir l’étudier au point de vue du dégagement des gaz de la combinaison organique en formes nouvelles, nos ancêtres gardaient l’invincible certitude que les âmes des morts leur tenaient toujours compagnie et se trouvaient avec eux, comme au temps de leur existence récente, en relations d’amitié ou de haine.

idoles principales du village de likiliki (île d’ualan, carolines)
1, 2, 3. Idoles principales. — 4, 5. Idoles inférieures.

Ainsi, tout en ayant peur de la mort, cette transformation prodigieuse qui retire le souffle de la poitrine et fait pourrir les chairs, ils croyaient à la persistance de la vie sous mille formes. Le défunt n’était pas mort ; il disparaissait, mais en apparence, et s’il n’avait trouvé un refuge en un autre corps, la partie la plus subtile de son être, devenue plus invisible que l’air, se mouvait çà et là autour de l’ancienne demeure, surtout dans les feuilles agitées. Même de nos jours, dans le pays de Verviers, on défend aux enfants de jeter des pierres dans les haies, à la fête des Trépassés, de peur de blesser les âmes[1].

  1. Eug. Monseur, Cours d’Histoire religieuse, p. 8.