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momification

soir, auprès de leurs huttes, après les travaux du jour : c’est à peu près la position des momies péruviennes dans leurs huacas. En ces mêmes tombeaux, Amélineau a découvert des corps ayant déjà subi quelques essais de momification au moyen du natron ou de substances qui produisent à peu près les mêmes effets[1]. Les premières momies traitées suivant les procédés classiques, celles des nécropoles de Memphis, sont
masque d’or de la reine tia
noires, sèches, cassantes, tandis que celles de Thèbes ont un reflet doré et présentent une certaine élasticité ; le pied d’une momie au Musée Guimet semble une pièce d’ivoire poli. Aux basses époques, elles redeviennent noires, lourdes, informes, l’habitude d’embaumer les corps n’était plus qu’une vaine pratique, la foi s’étant évanouie.

Même évolution dans le décor des tombeaux. Avant l’époque de la douzième dynastie, c’est-à-dire avant les âges de la gloire de Thèbes, lorsque les Egyptiens n’étaient pas encore hantés par l’idée de la mort et que l’art de conserver les corps était relativement peu développé, les maisons éternelles, les tombeaux, notamment ceux de la nécropole de Sakkarah, près de Memphis, nous révèlent que la société contemporaine était assez libre d’esprit, ne s’était point encore rapetissée sous la main du sacerdoce. Aucune image n’y représentait le dieu : Osiris en était absent ; seulement Anubis gardait déjà la porte funéraire. Là, le mort était chez lui, avec sa femme et ses enfants, avec ses domestiques aussi, car la grande, propriété était déjà constituée ; tout dans la maison mortuaire était disposé pour que le propriétaire y fût à son aise et qu’il pût y continuer les travaux accoutumés. Mais surtout

  1. Les nouvelles Fouilles d’Abydos, p. 25.