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Page:Reclus - L’Homme et la Terre, tome 2, Librairie Universelle, 1905.djvu/324

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l’homme et la terre. — grèce

ment arrosé, manquant souvent de pluie, entouré d’âpres rochers. Sauf sa très heureuse situation stratégique, à la base d’un rocher de défense facile, dominant une vallée très ouverte, unie et fertile, qui s’incline doucement vers la mer, Athènes n’a rien dans son ambiance immédiate qui lui donne une prééminence naturelle sur les autres cités de la Grèce ; même ce merveilleux tableau que présentent les bosquets d’oliviers, les rivages sinueux, les îles et les promontoires, les montagnes aux arêtes blanches burinées sur le ciel bleu, cet ensemble harmonieux se retrouve sous mille formes, non moins pur et non moins beau, sur tout le pourtour de l’Hellade et d’autres terres méditerranéennes : à ces multiples paysages il manque seulement le souvenir auguste du passé, toujours présent dans le respect et la mémoire des hommes.

Les grands avantages matériels d’Athènes sont de ceux qu’elle eut à se créer par son industrie, telles ses carrières qui lui donnèrent de beaux matériaux pour la construction de ses maisons, de ses forteresses et de ses temples, tandis que les riches mines d’argent du Laurium lui fournirent en abondance des ressources pour l’entretien de son commerce. Les découpures du littoral lui facilitèrent singulièrement les relations avec les pays étrangers ; la communauté politique abritée par la forteresse naturelle de l’Acropole se trouvait à une très faible distance — deux petites heures de marche, à peine — de trois ports : Phalère, Munichia avec ses deux bassins, enfin le Pirée, absolument protégé contre tous les vents du large et auquel s’ajoute une admirable rade, sous le vent de l’île de Salamine. De plus, la péninsule de l’Attique est, de toute la Grèce continentale, la contrée la plus rapprochée de l’Asie Mineure qui, sous la même latitude, projette au-devant de l’Europe deux presqu’îles et deux traînées insulaires : en ces parages, on ne compte guère par un bon vent qu’une journée de navigation entre l’Europe et l’Asie, et les barques peuvent faire escale en route sur des îles nombreuses. Ainsi, dès les premiers temps de son évolution historique, l’Attique, dont le nom même — Aktiké ou la « Pointe », la « Péninsule » — rappelle la situation relativement à la mer, était devenue une puissance maritime. Son activité rayonnait au loin, tandis que Sparte, royaume continental au milieu de sa presqu’île, cherchait à se renfermer étroitement en son ancien bassin lacustre presque fermé. Athènes