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Page:Recueil de l'Académie des jeux floraux 1819.djvu/22

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xxj

La renommée, errant au milieu de nos plaines,
Rassemblait sur ses pas les peuples attendris ;
Les remparts sanglans de Vincennes
Répétaient ces lugubres cris :
CONDÉ n’est plus, criaient les vieux fils de la guerre ;
CONDÉ n’est plus, criaient les puissans de la terre
Autour de la patrie en deuil ;
Et tous les malheureux, famille gémissante,
Enfans, vieillards, pressant leur démarche tremblante,
Couraient en foule à son cercueil.

Tels lorsqu’on avait vu des licteurs en silence
Rentrer, le front baissé, dans la cité de Mars,
Les Romains frémissaient ; toute une foule immense
En tumulte au Forum marchait de toutes parts ;
Et bientôt, déployant les nouvelles fatales,
Le Préteur paraissait aux rostres triomphales
Attestant leurs récens lauriers ;
Et ses cris indignés, et sa douleur profonde,
Dénonçaient aux maîtres du monde
La défaite de leurs guerriers.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Déja s’est élevé sur un lit funéraire,
Dans ces funèbres lieux encor pleins du héros,
Supportant des Condés l’épée héréditaire,
Un cercueil entouré d’armes et de drapeaux.
Déjà, touchés du sort du Héros de la France,
Ces hommes divisés de parti, d’espérance,
Se souviennent qu’ils sont Français.
Au pied de son cercueil la France se rassemble ;
Peuples divers surpris de se trouver ensemble
Réunis des mêmes regrets.

L’un contait sa vertu de malheurs poursuivie,
L’autre sa gloire et ses combats ;
Le pauvre racontait les secrets de sa vie :
Tous gémissaient de son trépas.