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L’un disait : dès le jour de son adolescence
Ses trésors bienfaisans s’ouvraient à l’indigence ;
Il nourrissait le peuple en des temps désastreux.
Tous disaient : il fut grand ; tous disaient : il fut juste,
Il mérita son rang auguste,
Il eût mérité d’être heureux.

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Il n’était plus celui qui nous fut le modèle
Des hommes ses aïeux qu’on vit revivre en lui,
Qui d’un laurier toujours fidèle
À nos lis agités prêta le noble appui ;
Celui qui, vaincu d’un long âge,
Supporta des malheurs dignes de son courage
Comme il eût supporté l’ivresse des succès :
Par ses vertus, à nos forfaits égales,
Montrant aux nations de la France rivales
Qu’il était toujours des Français.

Comme un phare impuissant au milieu des tempêtes,
Comme un roc protecteur entraîné par les flots,
Nous l’avions vu jadis sur nos coupables têtes
Relever, mais en vain, l’étendard des héros :
Témoignage éclatant que les maux de la France
Par la vertu, par la vaillance,
Vainement en leur cours allaient être arrêtés,
Et que Dieu, nous frappant de sa main redoutable,
Voulait manifester un exemple effroyable
A tous les peuples révoltés.

Le ciel, à ses vertus donnant leur récompense,
Voulut que de ses yeux, témoins de nos malheurs,
Ce vieux Français pût voir le salut de la France,
Pour qu’un trépas tranquille endormît ses douleurs.
Il ne fut pas permis qu’après tant de misères,
Ses os ensevelis loin des os de ses pères