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Page:Recueil de la Société d’agriculture du département de l’Eure, série 4, tome 5, 1881.djvu/441

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entretenu avec lui une correspondance suivie, aurait bien voulu, en le fixant près de lui, resserrer des relations auxquelles il trouvait un charme tout particulier. Son plus vif désir eût été de voir Bréant revenir à Rouen où ils auraient formé une petite assemblée littéraire dont la poésie aurait fait tous les frais, c’était ce qu’il lui écrivait au mois de juillet 1735 :

« Ne finissez-vous pas votre droit cette année ; si cela est, vous devriez bien songer à vous faire donner quelque charge à Rouen pour estre avec nous et pour ne plus vous ennuyer à Bernay. Nous vous attendons avec impatience. Il y a longtemps que j’ai un projet d’amusement et d’étude, mais il nous faut un tiers parce que je n’ay point cru qu’une petite assemblée littéraire pût estre de moindre nombre que de trois, vous, mon cher amy, M. Formont et moi pourrions-nous perfectionner tout en nous jouant. Amassés toujours des matériaux comme nous le faisons de nostre costé pour la construction de ce petit temple consacré aux Muses. Je ne sais pas trop si, avec deux paresseux comme vous, le service seroit bien exactement fait, mais le peu d’encens que vous brusleriez seoit bien pur et bien exquis et on dit que les courtes prières pénètrent dans les Cieux. Indépendamment de nos petits ouvrages courants, il y aurait toujours quelque besogne de plus longue haleine sur le métier. Ne voilà-t-il pas que vous travaillés au poème de Daphnis et Chloé, nostre cher Formont met la dernière main à la traduction du 4e livre de l’Enéïde et je vais achever un ballet. Adieu, venés, demeurés avec nous et nous nous amuserons. Venés et nous rimerons. Nous avons encore de petits poètes qui n’attendent que le moment d’éclore, car cette terre-ci est poétique. Conservés vous, divertissés vous, aimé moi et m’écrivés… » [1]

Si Bréant n’eût consulté que son goût et ses propres sentiments,

  1. Lettre de Cideville à Bréant du 18 juillet 1735.