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Page:Recueil de la Société d’agriculture du département de l’Eure, série 4, tome 5, 1881.djvu/444

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de Mauduit, Seigneur de Semerville, Carentonne et autres lieux, ancien lieutenant des vaisseaux du Roi. Père de quatre enfants qu’il entourait de soins, de tendresse et d’affection, il partageait son temps entre les devoirs de sa charge, l’étude de la poésie et les joies de la famille, lorsqu’un événement douloureux, la mort de sa fille, vint jeter le trouble et l’affliction dans cet heureux intérieur. Le coup fut d’autant plus terrible qu’il était plus imprévu. Le mal avait couvé sourdement et lorsqu’il se révéla tout remède était devenu inutile.
Ce fut sous le poids de sa douleur qu’il composa ces strophes si profondément empreintes de tristesse et de découragement :

Que tout l’univers retentisse
Des cris de ma vive douleur !
Qu’à mes plaintes rendant justice
L’avenir même compatisse
A l’excès accablant de mon dernier malheur !
Pardonnez-moi, races futures,
Le désir d’affliger vos cœurs.
On se plaît aux tristes peintures
Des plus tragiques aventures ;
On goûte un vrai plaisir à répandre des pleurs.

C’était déjà un allégement à sa douleur que ces stances dans lesquelles il exhalait sa peine. Le temps, qui cicatrice les plus cruelles blessures, lui vint aussi en aide et bientôt plus calme, mais non consolé, il put se remettre au travail.

C’est en étudiant les œuvres d’un écrivain qu’on reconnaît ses mœurs, ses goûts, ses habitudes, tant il est vrai que le caractère se révèle aussi bien dans nos écrits que dans nos paroles et nos actions. Bréant aimait les fleurs, il consacrait une partie de ses loisirs aux soins de sa serre, dans laquelle il avait réuni des plantes exotiques de tous les climats et rassemblé les parfums de toute la terre, comme il le dit dans