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Page:Recueil de la Société d’agriculture du département de l’Eure, série 4, tome 5, 1881.djvu/446

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pour les autres amis que j’ai dans cette compagnie respectable ; ainsi je vous prie de ne point proposer à moins que vous ne soyés sûr que ce ne sera point à la seule amitié que je serai redevable des suffrages. En ce cas, je serai très glorieux d’une pareille association. Elle me donnera une meilleure opinion de mes talents que celle que j’en ai. Ce ne sera pas moins à vous, Monsieur, que j’aurai l’obligation de cette place honorable car sans vous, je n’y aurais jamais aspiré, ne croyant point la mériter et je tâcherai de faire quelque chose qui puisse justifier votre choix et celui de l’Académie ».[1]

La réception eut lieu. L’Académie, à laquelle diverses pièces des poésies de Bréant avaient été communiquées dans ses séances, qui avait entendu plusieurs fragments de l’Art de peindre, accueillit l’auteur sans hésitation. Bréant envoya ses remerciements à l’Académie par l’entremise de son ami du Boullay et les accompagna de la lettre suivante que nous citons textuellement parce qu’elle contient l’appréciation de Bréant lui-même sur son talent et sur ses œuvres :

« Je vous adresse cy jointe, monsieur et cher ami, ma lettre de remerciement à l’Académie. Elle est toute simple, ne m’étant pas trouvé l’esprit disposé à en composer une d’une autre espèce. J’ai quelques affaires qui me chiffonnent l’âme, le plaisir de vous être attaché de nouveau par les liens de la confraternité était cependant bien capable de la redresser, on ne peut en être plus flatté que je le suis. Je vous rends grâce de m’avoir annoncé cette bonne nouvelle, je ne vous sais pas si bon gré des louanges que vous y adjoutés. Je suis fort aise de la bonne opinion que vous avès de mon mérite, mais vous risquès de me faire perdre cette modestie dont vous me loués tant et qui fait mon plus riche trésor. Pour mon talent, je vous prie de bonne foy de croire que j’en fait fort peu de cas ; qu’est-ce que c’est que de sçavoir arranger des mots,

  1. Lettre de Bréant à M. du Boullay, conseiller maître en la cour des comptes de Normandie du 26 février 1766.