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Page:Recueil de la Société d’agriculture du département de l’Eure, série 4, tome 5, 1881.djvu/449

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pouvoir rendre mes devoirs à l’Académie, de revoir mes anciens amis et les nouveaux et de vous faire à tous mes remerciements » [1]

Le véritable motif de son hésitation se trouve dans les lignes suivantes par lesquelles il termine sa lettre : « Vous êtes bien le maître, mon cher confrère, de faire de mon poème tout ce qu’il vous plaira, d’en copier et d’en lire tout ce que vous voudrés, j’aime bien mieux que vous fassiès cette lecture que moi-même, je m’en tirerais peut-être fort mal, une assemblée nombreuse et respectable m’en imposerait certainement et peut être dérangerait la machine aisée à démonter. Vous connaissez ma timidité et ma défiance de moi-même, défiance que je crois très bien fondée. Quoiqu’il en soit je ferai ce que je pourrai pour aller vous voir… » [2]

Bréant secoua si bien ses chaînes qu’il s’en débarrassa et vint à la séance où il donna lecture de plusieurs passages de son poème sur la peintre.
Un journal du temps, les affiches de Normandie, rendant compte de cette séance, apprécie comme il suit l’œuvre de notre compatriote : « L’auteur, dit il en terminant, charmé de pressentir le goût du public en a lu à l’assemblée plusieurs morceaux choisis en différents genres, qui ont été reçus de manière à faire présumer favorablement du succès lorsqu’il se déterminera à le publier.[3]

À partir de sa réception, chaque année Bréant se faisait un devoir d’envoyer quelque poésie pour la séance solennelle de l’Académie, mais cela dure peu. Il avait 57 ans lors de sa réception comme associé titulaire et à cinq ans de là, presque jour pour jour, il terminait son existence.

Imbu dès son jeune âge des enseignements de la religion, Bréant ne s’était point laissé séduire par les doctrines des libres penseurs de son temps. Il conserva toujours cette foi

  1. Même lettre que dessus.
  2. Même lettre.
  3. Affiches de Normandie du 17 novembre 1766, n°45.