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Page:Recueil de la Société d’agriculture du département de l’Eure, série 4, tome 5, 1881.djvu/455

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faut me borner à vous envoyer le prix que vous avez bien voulu vous contenter d’y mettre et que vous trouverez ci-joint. En m’en accusant la réception n’oubliez pas, je vous prie, de m’en envoyer quittance, mes intérêts l’exigent et je vous crois trop juste pour me la refuser. »

Quelques jours après, Mme de Bouville recevait, chose assez peu usuelle, une quittance en vers qui débutait ainsi :

Je reconnois par la présente
Qu’en deux pièces d’or et de poids
Mon aimable correspondante
M’a très bien payé mes envois.

Cette quittance en bonne et due forme termina le petit tournoi littéraire engagé à l’occasion des deux odes de Bréant.
L’œuvre poétique de Bréant peut se diviser en deux parties distinctes ; son poème sur l’Art de peindre, travail de longue haleine, préparé, étudié, réfléchi, qui coûta à son auteur plus de trente années de soins et de méditations et ses poésies légères ou fugitives, pièces détachées où son talent s’exerce dans tous les genres : odes, épitres, madrigaux, fables, épigrammes, passant du sérieux au frivole, de l’ariette à l’élégie, laissant la muse butiner çà et là selon l’inspiration du moment.

Quoique de moindre importance, les pièces qui composent cette dernière partie n’en sont pas pour cela moins intéressantes. Peut-être la versification en est-elle parfois un peu négligée et dans certaines pièces l’élégance et la tournure du vers moins étudiées, mais il est facile de comprendre que le caractère même de ce genre entraîne naturellement plus d’abandon et plus de laisser aller, c’est l’inspiration qui découle sans efforts, sans travail et comme d’elle-même sous l’impression du sujet qui l’a provoquée.

Tantôt traducteur, tantôt imitateur, Bréant prend tour à tour pour modèles : Horace, Ovide, Martial, Catulle. On a dit