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Page:Recueil de la Société d’agriculture du département de l’Eure, série 4, tome 5, 1881.djvu/456

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de Catulle que les beautés de cet auteur n’étaient pas celles qui pouvaient passer aisément d’une langue dans une autre et que c’était en vers français que ce poète devenait principalement intraduisible. Malgré cette difficulté et peut-être à cause d’elle, Catulle a eu dans notre langue de nombreux traducteurs et notamment sa pièce sur la mort du Moineau de Lesbie. Mais ces traductions ont été faites avec une telle liberté que c’est à peine si l’on peut y reconnaître le modèle. Bréant aussi a voulu dans une traduction serrée reproduire en vers français la pièce de Catulle et il l’a fait avec tant de soin et d’exactitude, que, sauf quelques nuances et quelques tournures nécessités par les exigences de la versification, on pourrait, sans grande difficulté, suivre vers par vers le texte de son modèle.

Dans ses imitations de Martial, il sait habilement conserver le trait piquant de l’épigramme.
Dans l’ode, il observe la noblesse et l’élévation du style et de la pensée. Avec quels accents, il chante les talents et la gloire du maréchal de Broglie dans cette pièce :

France, qu’as-tu fait de ta gloire ? [1]


Quelque soit le genre qu’il traite, Bréant sait approprier son langage à son sujet.

Nous eussions volontiers mis sous vos yeux quelques-unes des œuvres badines de notre auteur, telles que sa fable intitulée : La Bergère et le Mouton[2] et son épître à Nadine, la petite chienne de Mme D***.

Taisez-vous, petite Nadine,
D’où vous vient cette humeur mutine ?
Pourquoi montrer ainsi les dents
Et vouloir dévorer les gens.
Croyez-vous pour être charmante
Avoir le droit d’être méchante ?

  1. Ode, page 169 du Recueil.
  2. Page 355 du Recueil.