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Page:Recueil de la Société d’agriculture du département de l’Eure, série 4, tome 5, 1881.djvu/457

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Rarement la méchanceté
Est l’attribut de la beauté.
Voyez votre belle maîtresse,
Malgré la régularité
De sa figure enchanteresse,
En a-t-elle moins de bonté ?
Son esprit malgré sa finesse
Lance-t-il quelque trait malin
Sur les défauts de son prochain. [1]

Nous voulons être sobre de citations et cependant, sans y avoir recours, comment faire connaître l’œuvre d’un poète ? Si l’on rend compte d’un ouvrage en prose, on peut en indiquer le plan et les divisions, analyser l’œuvre et exposer ainsi la pensée et le but de l’auteur ; mais s’agit-il d’un poème, cela ne suffit plus, le fonds n’est plus seul à avoir son mérite, la forme dans ce cas donne à l’œuvre ce lustre, ce brillant, cet éclat qui charme et séduit le lecteur. Il en est de la prose et de la poésie, comme en peinture d’un dessin et d’un tableau, l’un ne présente au spectateur que les traits, les clairs et les ombres, l’autre a de plus le coloris qui complète l’illusion.

En parcourant les nombreux volumes du Mercure de France, nous y avons rencontré à l’année 1727 [2] une ode anacréontique sans signature, mais datée de Bernay en Normandie. À cette époque, Bréant avait 17 ans, nous savons qu’étant encore au collège, ses premiers essais furent la traduction des odes d’Anacréon. Une note, qui se trouve dans les archives de Rouen, dit que l’on a vu de Bréant plusieurs odes, épîtres, fables et autres pièces fugitives, dont l’abbé Desfontaines ornait quelquefois ses feuilles : serait-il donc téméraire de supposer, que l’auteur de cette ode qui garde l’anonyme, se contentant d’indiquer sa résidence, serait Bréant, dont nous connaissons la timidité et la modestie.

  1. Page 267 du Recueil.
  2. Mois de février, page 245.