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Page:Recueil de la Société d’agriculture du département de l’Eure, série 4, tome 5, 1881.djvu/459

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de Bréant, comme tout le fait supposer, il eût été regrettable qu’elle restât oubliée, égarée, perdue dans les feuilles du Mercure de France, quand vous vous proposez de réunir les œuvres de cet auteur. Mais, s’il en était autrement et que notre supposition fût une erreur, il faut au moins reconnaître que cette ode n’est pas sans mérite. Elle est d’ailleurs l’œuvre d’un poète bernayen et, sous ce rapport, il était encore intéressant de la reproduire ici.

Mais peut-être nous sommes-nous trop attardés à ces poésies légères, il est temps d’arriver à l’œuvre capitale de Bréant, à son Art de peindre.
Depuis longtemps, il méditait ce travail, dont les poèmes latins de l’abbé de Marsy et de Dufresnoy lui avaient donné l’idée. Il n’avait eu d’abord que l’intention de traduite l’œuvre de l’abbé de Marsy, mais en l’étudiant, il résolut de composer un poème nouveau, tout en s’inspirant des passages les plus remarquables de ces deux auteurs et des travaux sur le même art de de Pyles et de l’abbé Dubos.

Son travail était presque terminé lorsque parut en 1760, sur le même sujet, le poème de Watelet. Bréant, qui ignorait complètement la préparation de ce poème, fut un instant découragé et sur le point d’abandonner le sien, mais après avoir médité l’ouvrage de Watelet, il reconnut qu’il ne s’était rencontré avec lui que dans peu d’endroits et que si Watelet, artiste de mérite, profondément versé dans les détails de son art, en avait exposé les principes avec précision, sous une forme attrayante, l’étendue de la matière, et les aperçus variés, sous lesquels le sujet pouvait être traité, lui permettaient encore d’offrir au public un ouvrage intéressant. Toutefois, il eut peur qu’on ne vît dans son travail une sorte de rivalité avec celui de Watelet. « Je proteste, dit-il dans sa préface, qu’il y a plus de trente ans que je l’ai commencé, que lorsque j’ai entendu parler pour la première fois de celui de M. Watelet, le premier chant du mien était à peu près dans l’état où il parait aujourd’hui, que les matériaux des trois