Aller au contenu

Page:Recueil de la Société d’agriculture du département de l’Eure, série 4, tome 5, 1881.djvu/462

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

il devait y naître, tôt ou tard, un poème sur la peinture ; le poème naquit, mais, hélas ! il s’est perdu !.[1] M. de Chennevière, qui eût été bien fier, ainsi qu’il le dit, d’annoter et de publier un tel poème, éclos en Normandie, se mit en quête pour le découvrir, mais toutes ses recherches n’eurent d’autre résultat que les fragments lus aux séances de l’Académie et publiés dans le Mercure de France. Quant au poème, il ne put en trouver la trace. Toutefois, s’il renonça à en poursuivre la recherche, ce ne fut pas qu’il eut perdu l’espoir qu’un jour ou l’autre il se retrouverait ; « Au demeurant, dit-il en terminant, et si mon patriotisme normand ne m’aveugle point, les vers du bon bourgeois de Bernay ne sont point pires que ceux de l’amant magnifique de Marguerite Lecomte, et je ne saurais croire que le poème de Bréant fût si bien perdu qu’un bon chercheur de Bernay, n’en pût retrouver autre patte ou aile que ces trois morceaux du Mercure. Il y va de l’honneur de Bernay et un peu de toute la province.[2] »

Aujourd’hui, Messieurs, le poème est retrouvé, il est dans vos mains et nous nous demandons si notre Société, qui compte au nombre de ses plus belles prérogatives la pieuse mission de tirer de l’oubli les noms des hommes qui par leurs mérites et leurs talents ont honoré notre cité, pourra vaincre cette étrange fatalité qui semble s’être attachée à l’œuvre de Bréant et a paralysé les efforts tentés précédemment pour la mettre au jour. Dans une pareille entreprise où l’honneur de toute la province, comme le dit M. de Chennevière, est quelque peu engagé, ne devons-nous pas compter sur le concours des Sociétés littéraires de la Normandie, et particulièrement sur celui de l’Académie de Rouen, qui ne peut manquer de s’associer à l’hommage qu’il s’agit de rendre à la mémoire de l’un de ses membres.

  1. Recherches sur la vie et les ouvrages de quelques provinciaux de l’ancienne France. T. IV, p. 76.
  2. Même ouvrage. T. IV, p. 81.