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PRÆFATIO.


Collection plus étendue et plus ample que la précédente. Au lieu que celle-ci composée seulement de deux volumes, l’un in-8o, l’autre in-folio, se terminoit à l’année 1285 ; celle-là devoit contenir en quatorze volumes in-folio, toute la suite des anciens monumens de l’Histoire générale de la Monarchie, depuis son origine jusqu’au regne d’Henri II. Les deux premiers furent mis au jour en 1636 ; pendant que le troisiéme et le quatriéme étoient sous la presse, un accident funeste enleva l’Auteur dans un âge où il pouvoit se flatter de recueillir toute la gloire que son entreprise lui promettoit. Néanmoins l’édition commencée de son vivant, fut achevée en 1641 par les soins de son fils, qui donna de plus en 1649 un cinquiéme volume, le dernier du recueil le plus complet que nous aïons eu jusqu’à présent.

Ce ne fut qu’en 1676 qu’un Ministre, protecteur des Lettres par cette supériorité de vues qui caractérise l’homme d’Etat, M. Colbert, invita plusieurs Savans assemblés chez lui à conférer en sa présence sur les moïens de perfectionner le projet d’André du Chesne. Par quelle fatalité faut-il que la présomption et la jalousie soient si souvent compagnes de la science, dans les hommes mêmes qui sembloient devoir être le moins susceptibles de l’une et de l’autre : et que les gens de Lettres ne sachent ni soutenir leur avis sans passion, ni attaquer sans aigreur celui des autres ? M. du Cange souffrit impatiemment que le sien n’eût pas prévalu, et la difficulté de le ramener au sentiment qui fut adopté dans les Conférences, rendit inutiles les favorables dispositions du Ministre. Celles de M. le Tellier, Archevêque de Reims, soutenues du crédit de M. de Louvois, de meurerent de même, quoique par un principe different, sans aucun effet. Le célebre P. Mabillon trouvant dans une humble défiance de soi-même des rai-