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PRÆFATIO.


ment indifféremment Celtes et Gaulois. L’Empereur Julien semble quelquefois les distinguer les uns des autres : cependant ailleurs par le nom de Celtes, il entend les Gaulois : Autrefois, dit-il, j’étois en quartier d’hyver dans ma chere Lutece : car c’est ainsi que les Celtes appellent la petite ville des Parisiens. Ceux que les Grecs ont nommés Galates, et le pays qu’ils ont nommé Galatie, ont été appellés par les Latins Gaulois et Gaules, ainsi que par les Grecs du moien âge.

Il est constant, par ce que je viens de dire, que les Anciens ont donné le nom de Celtes à plusieurs nations, tant Septentrionales qu’Occidentales : ainsi je n’oserois rapporter aux Gaulois tout généralement ce que nous trouvons écrit touchant les Celtes. Car, par exemple, les Celtes dans Strabon et dans Arrien interrogés par Alexandre ce qu’ils craignoient le plus, ils répondent qu’ils n’appréhendent rien tant que d’être écrasés par la chute du Ciel. Qui pourra affirmer que les Gaulois ont fait véritablement cette réponse ? Qui fera un procès à l’Auteur du Supplément de Quint-Curce, parce qu’il la met cette réponse dans la bouche des Germains ? De plus, parce que les Géographes placent dans les pays Occidentaux les Celtes, les Celtiberiens et le Promontoire Celtique, parce qu’ils mettent dans les régions Septentrionales les Celtes et les Celtoscythes, irai-je pour cela avec quelques modernes faire sortir les Gaulois de leurs demeures pour aller s’emparer de tous ces pays et y conduire des Colonies ? Peut-être aussi que lorsque les Auteurs Latins emploient le nom de Gaulois, on ne doit pas les entendre à la rigueur, en sorte que ce qu’ils racontent des Gaulois, ne puisse pas convenir à d’autres :