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Page:Recueil des Historiens des Gaules et de la France, tome1.djvu/40

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PRÆFATIO.


il s’est fort bien pu faire qu’ils aient attribué aux Gaulois ce qu’ils ont trouvé écrit des Celtes. Car pour dire en un mot mon sentiment, je suis persuadé que tous les Gaulois étoient Celtes, mais que tous les Celtes n’étoient pas Gaulois.

L’opinion du P. l’Empereur, Jésuite, sur le nom de Gaulois est si singulière qu’elle mérite de trouver place ici. Il s’imagine que le nom Galli a été donné à la nation Celtique par les Romains comme une espece de sobriquet, à cause que par leur parure et par leurs manieres, ils ressembloient beaucoup à l’oiseau appellé Gallus, c’est-à-dire au Coq.


IV.

De la Langue des Celtes ou Gaulois.

Si l’origine des Celtes est tout-à-fait obscure et incertaine, l’origine de leur Langue ne l’est pas moins : c’est ce qui cause cette si grande diversité de sentimens. Car les Savans appercevant dans presque toutes les Langues un grand nombre de mots Celtiques, vont chercher l’origine de la Langue Celtique ; les uns chez les Hebreux, les autres chez les Phéniciens, ceux-ci chez les Scythes, ceux-là chez les Grecs, quelques-uns chez les Latins, d’autres enfin chez les Germains. D. Paul Pezron, qui, comme nous avons vu ci-dessus, fait descendre les Celtes de Gomer fils de Japhet, et qui après leur avoir donné différens noms, les fait promener dans presque toutes les parties de l’univers, n’est pas surpris de trouver dans la Langue Celtique des mots Syriaques, Chaldaïques, Arabes et d’autres : car les Celtes les auront puisés dans ces Nations, dont ils ont été voisins. Qui plus est, ce Pere prétend et tache de prouver qu’une infinité de mots Grecs, Latins et Germains dérivent de la Langue Celtique, comme de leur source.