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Page:Recueil des Historiens des Gaules et de la France, tome1.djvu/49

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PRÆFATIO.


nard de Montfaucon, et dans la Religion des Gaulois de D. Jacques Martin.

Druides.Les Druides étoient les chefs de la Religion des Gaulois : c’étoient leurs Philosophes, leurs Theologiens. Ils avoient l’intendance de tous les sacrifices, tant publics que particuliers ; ils interprétoient les points de Religion, ils avoient un grand nombre de disciples, et ils étoient fort honorés. Ils jugeoient de presque tous les différends ; crimes, meurtres, héritages, limites, tout étoit soumis à leurs décisions. Ils établissoient ou les peines ou les récompenses. Si quelqu’un soit public, soit privé, ne se rendoit pas à leurs jugemens, on lui interdisoit les sacrifices : ce qui étoit chez eux une grande punition. Celui qui étoit ainsi excommunié, passoit pour un impie et pour un scélerat : on le fuioit, on évitoit de l’aborder et de lui parler, de peur que son commerce ne fût préjudiciable : on lui dénioit la justice quand il la demandoit : et on ne lui décernoit aucun honneur. Un d’entre les Druides présidoit à tous les autres, et il avoit toute l’autorité. Après sa mort celui qui étoit le plus considéré d’entr’eux lui succédoit : et dans le cas d’égalité de mérite, c’étoient les Druides qui l’élisoient à la pluralité des suffrages : quelquefois même pour l’élection de ce chef on en venoit aux mains. Dans un certain tems de l’année ils s’assembloient en un lieu consacré dans le pays Chartrain, qui passoit pour le milieu de la Gaule : là se rendoient tous ceux qui avoient des différends, et ils se soumettaient aux jugemens et aux décisions des Druides. On croit que leur science a d’abord été trouvée dans la (grande) Bretagne, et que de-là elle a été transférée dans la Gaule : et même du tems de César qui nous apprend tout ce détail, ceux qui vouloient s’instruire plus à fond de cette science, passoient