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pour l’ordinaire dans cette Isle. Les
Druides n’avoient pas coutume d’aller
à la guerre : non-seulement ils en étoient
exempts, mais encore ils ne payoient
aucun tribut, et n’étoient sujets à aucune charge. Bien des gens excités par ces
priviléges se rangeoient de leur plein
gré sous leur discipline, ou y étoient
envoiés par leurs parens. Ils y apprenoient par cœur un grand nombre de
vers : quelques-uns restoient à cette
école une vingtaine d’années. Les Druides croioient qu’il ne leur étoit pas permis de rien écrire de leur doctrine,
quoiqu’ils se servissent de lettres pour
leurs affaires, tant publiques que particulieres. Cesar croit qu’ils en usoient
ainsi pour deux raisons ; la premiere, pour que leur doctrine ne transpirât
pas au-dehors ; la seconde, de peur que
leurs disciples se reposant sur l’écriture,
négligeassent d’exercer leur mémoire.
Leur principal dogme étoit que les ames
ne mouraient pas, mais qu’après la mort
elles passoient dans d’autres corps. Ils
s’imaginoient que cette doctrine, qui
fait mépriser la crainte de la mort, excitoit davantage à la valeur. Ils discouroient encore sur les astres et leur mouvement, sur la grandeur du monde et
de la terre, sur la nature des choses,
sur la force et la puissance des Dieux
immortels : et ils transmettaient à la
jeunesse leurs opinions sur toutes ces
choses.
Bardes, Vates.Voilà ce que Cesar nous apprend
des Druides, de leur Religion et de
leur doctrine. Les autres Ecrivains disent à peu près la même chose, si ce
n’est qu’outre les Druides, ils font encore mention des Bardes et des Vates,
qui étoient aussi en grande vénération
chez les Gaulois. Les Bardes étoient
des Poëtes et des Chantres, qui sur
des instrumens semblabes à des lyres,
louoient les uns et blâmoient les autres.
Les Vates étaient des sacrificateurs,
qui contemploient la nature des choses,
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