cet œuf par leurs baves et l’écume qui
sortaient de leurs corps ; c’est pour cela
qu’on l’appelloit anguinum. Les Serpens
par leurs sifflemens élevoient en l’air cet
œuf, et il falloit le recevoir dans un
drap, de peur qu’il ne touchât à terre.
Celui qui l’avoit reçu, montait vîte à
cheval et s’enfuioit ; parce que les Serpens couroient après lui, jusqu’à ce
qu’ils fussent arrêtés par quelque riviere.
Pour faire l’épreuve de cet œuf, on le
jettoit dans l’eau : il falloit qu’il surnageât même avec le cercle d’or qui l’entourait. Les Druides débitoient qu’il falloit le prendre en un certain jour de la
Lune. Pline assure qu’il avoit vû un de
ces œufs, qui étoit gros comme une pomme ronde de moienne grosseur, et que
sa coque étoit cartilagineuse. On louoit
fort la vertu de cet œuf pour le gain des
procès, et pour avoir facile accès chez
les Princes. L’Empereur Claude fit mourir un Chevalier Romain du pays des
Vocontiens, uniquement parce qu’il
portait sur lui un de ces œufs dans l’esperance de gagner son procès.
Immortalité de l’ameLes Gaulois instruits par les Druides
tenoient que les âmes étaient immortelles. Ils croioient, selon Strabon, que
les ames et le monde étoient incorruptibles, mais qu’il y aurait un tems où
le feu et l’eau domineraient. Presque
tous les Auteurs, qui attribuent aux
Gaulois l’opinion de l’immortalité de
l’ame, leur attribuent aussi celle de la
Metempsycose : cependant ce qu’ils
rapportent des cérémonies qui s’observoient aux Funérailles.funérailles des Gaulois, ne
peut s’accorder avec le Dogme de la
Metempsycose. On brûloit le corps
du défunt, et l’on jettoit dans le feu tout
ce qu’on croioit lui avoir été le plus
cher, même jusques aux animaux. Peu
de tems avant César, les esclaves et les
clients, que le défunt avoit le plus aimés, étoient après les obseques brûlés
avec lui. « Un des dogmes des Druides,
dit Mela, qui a transpiré au-dehors, est
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