quelquefois ils se contredisent eux-mêmes : ils en parlent en bien ou en
mal selon qu’ils sont affectés, ou bien
il faut distinguer les tems. Presque tous
les Auteurs dépeignent les Gaulois
comme une Nation inhumaine, cruelle, barbare : car outre qu’ils immoloient des victimes humaines, ils pendoient au cou de leurs chevaux les
têtes des ennemis qu’ils avoient tués
dans les combats ; après avoir frotté
d’huile de cédre celles des plus distingués, ils les conservoient soigneusement dans des coffres pour les montrer aux étrangers : ils se vantoient de
ce que leurs ancêtres ou eux-mêmes
avoient refusé une grosse somme d’argent qu’on leur avoit offerte pour le
rachat de ces têtes. Il s’en trouvoit
même de si vains, qu’ils ne vouloient
pas échanger ces têtes pour le même
poids en or. Les Boiens porterent
dans leur Temple en triomphe la tête
du Consul Postumius, et après l’avoir
vuidée, ils en enchasserent le crâne
dans de l’or pour s’en servir dans les
sacrifices. Cependant quand les Gaulois s’emparèrent de Rome, ils ne couperent la tête à aucun Romain, ils
ne firent point d’insulte aux corps de
ceux qu’ils avoient tués ; et même ils
ne poursuivirent pas les autres ni dans
leur retraite, ni dans leur fuite. Les
Gaulois, dit Florus, n’étoient pas seulement barbares, mais ils se servoient
de ruses : ils choisissoient toujours,
selon Polybe, des lieux embarrassés
de bois pour y dresser des embuches :
cependant Hirtius Pansa nous les donne comme des gens ouverts, incapables de dresser des embuscades, et qui
faisoient la guerre en gens d’honneur
sans fraude, sans artifices. Tite-Live
rapporte que tandis que les Romains
pesoient aux Gaulois l’or qu’ils étoient
convenus de leur donner, Camille enleva cet or aux Gaulois, et qu’il les
défit dans deux combats : Plutarque dit
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