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PRÆFATIO.


battirent courageusement, et où ils n’abandonnerent jamais leurs postes, quoiqu’ils fussent tout couverts de coups, avoue que les Romains ne leur furent supérieurs que par la bonté de leurs armes. En effet les boucliers des Gaulois étoient si petits qu’ils ne leur couvraient pas le corps : leurs épées étoient de mauvaise trempe, elles n’avoient point de pointe, et l’on ne pouvoit s’en servir que pour frapper de taille : au premier coup elles se recourboient ; il falloit les redresser avec le pied : d’ailleurs elles n’étoient bonnes que dans la mêlée. On voit par-là que s’ils avoient combattu à armes égales, ils auraient été invincibles.

Les Gaulois étoient naturellement guerriers : mais leur Cavalerie valoit mieux que leur Infanterie : les plus Septentrionaux et ceux qui habitoient vers l’Océan, étoient les plus courageux. Il ne se trouva jamais personne parmi les Gaulois qui se fût coupé le pouce pour ne pas servir. Dans les batailles ils se servoient de chariots à deux chevaux : ils attaquoient l’ennemi avec des traits qu’ils appelaient Saunies, et descendoient ensuite pour aller sur lui avec l’épée. Quelques-uns d’entr’eux bravoient la mort jusqu’au point de se battre tout nuds, n’aiant qu’une ceinture autour du corps : ils n’étoient nuds, selon quelques-uns, que jusqu’au nombril, et il n’y avoit que ceux du premier rang qui combattissent ainsi, ils menoient avec eux à la guerre des serviteurs de condition libre, mais pauvres, qui dans les combats conduisoient leurs chariots, et leur servoient de gardes. César appelle ces sortes de gens Soldurii, et Athenée Siloduri. L’armée rangée en bataille, les Gaulois s’avançoient, et défioient les plus apparens à un combat singulier en branlant leurs armes pour leur inspirer plus de terreur. Si quelqu’un acceptoit le défi, ils lui vantaient la

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